
La commission des lois de l’Assemblée nationale a validé la création d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la Préfecture de police le jeudi 3 octobre 2019. Dans la prolongation de mon rapport sur la radicalisation dans les services publics, rendu public en juin dernier, j’ai eu l’honneur d’être élu Secrétaire de cette commision d’enquête.
Les évènements tragiques du 3 octobre dernier à la préfecture de police ont sidéré notre pays puisque, pour la première fois, c’est une institution publique qui a été frappée en son sein par un membre de son personnel, qui a entrainé la mort de quatre fonctionnaires de police. Cette attaque, au-delà de son caractère tragique et des conséquences terrifiantes pour les familles concernées, doit conduire à s’interroger sur les mécanismes de prévention de la radicalisation qui existent dans nos institutions publiques – d’autant plus alors c’est un service de renseignement, engagé dans la lutte contre le terrorisme, qui a été frappé.
Ce n’est pas la première fois que notre Assemblée se penche sur la question de la radicalisation dans les services publics, puisque j’avais justement mené, d’octobre 2018 à juin 2019, au côté de mon collègue Eric DIARD une mission d’information à ce sujet. A l’issue de ces travaux, nous avions formulé plusieurs propositions concernant de nombreux services publics (transports, santé, université …) tout en constatant que certains services, en particulier les forces régaliennes, semblaient avoir pris la mesure du risque qui pesaient sur eux. Toutefois, cet attaque nous rappelle qu’il peut suffire qu’un individu passe sous les radars pour conduire à un drame : la lutte contre la radicalisation est un combat de tous les jours, qui appelle toujours plus d’efforts.
Alors que de nombreux mécanismes existent pour écarter un futur fonctionnaire d’une titularisation en cas de suspicion de radicalisation, cette attaque a soulevé le cas d’un fonctionnaire qui était déjà membre du service depuis plus de dix ans. Il y a donc manifestement eu dysfonctionnement non pas des dispositifs de prévention avant embauche du fonctionnaire, mais des dispositifs de détection de la radicalisation en cours de carrière. A travers cette commission d’enquête, il ne s’agira donc pas de refaire le travail que nous avons effectué au sein de la commission d’enquête, mais de voir si des problématiques spécifiques à la Préfecture de police ont été en jeu ici, et de réfléchir à l’amélioration des dispositifs de détection et de signalement d’une radicalisation en cours chez un agent déjà en poste.
Nous avons désormais 6 mois pour achever nos travaux, qui ont commencé ce mardi 30 Octobre par l’audition de Didier Lallement, Préfet de Police, et de Françoise Blancini, Directrice du renseignement à la Préfecture de police. J’ai alors eu l’occasion d’interroger le Préfet sur la présence d’un référent radicalisation au sein de la Préfecture (un outil privilégié par le Plan national de prévention de la radicalisation en 2018), ainsi que sur l’existence d’éventuels contentieux à l’occasion de l’écartement de fonctionnaires dont la radicalisation était avérée.